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 Le Vagabond

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Yué
Yué

Messages : 3
Date d'inscription : 23/06/2014
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Localisation : Bouxières-Aux-Dames

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MessageSujet: Le Vagabond    Le Vagabond  EmptyMar 30 Sep - 15:37

Des bruits de pas précipités. Les craquements des sandales traditionnelles sur le sol boisé de la demeure. Des cris comme les aboiements des chiens galeux qui trainaient dans le quartier. L’agitation régnait mais l'enfant ne s'en souciait guère. Les panneaux coulissants s'ouvrirent et des hurlements féminins percèrent les tympans du petit être qui se tenait debout au centre de la pièce dont les tatamis étaient entachés de rouge. L'odeur du sang ne lui faisait strictement rien. Les domestiques s'agitaient dans tous les sens et une jeune fille à peine plus âgée que ce qu'il en paraissait vient le serrer contre elle avec toute la force que pouvait contenir ses bras frêles. Le sang qui le couvrait imprégna son kimono immaculé. Pourtant, l’enfant ne réagit pas. Ses yeux perdus de la vide étaient ternes et ses ongles toujours des griffes. Sa chevelure blanche était poisseuse du sang qu’il venait de faire couler. Il n’entendait rien, pas même les battements effrénés du cœur de celle qui le tenait contre sa poitrine.

Bien que conscient des cris et de l’agitation qui régnaient autour lui, l’enfant ne réagissait pas. Ses sens semblaient s’être fait littéralement la malle comme les adultes disaient… Son jeune esprit déjà torturé n’y avait jamais fait attention. Pourtant lorsqu’il les regardait. Tous avec  leurs masques hypocrites, qu’ils soient des siens ou non, lui donnait envie de vomir. Mais pas seulement, sa haine, sa colère, sourdes grondaient en lui, attisant ses gênes de Banshee… Celle qui se désignait comme sa mère ne valait pas mieux que les autres. Elle le tenait par le poignet à lui faire mal et ses mots étaient aussi haineux que ceux des autres à son propos. Un enfant, il l’était peut-être mais un être humain ? Oh que non ! Il en avait conscience d’ailleurs…

Les cris et pleurs, il connaissait ses sons et il les adorait ! Emplissant son esprit déjà brumeux, tout ne fut plus que brume rouge et hurlements gutturaux informes à son ouïe fine qu’il ne ressentait plus. La peau qui se déchire, la sensation d’un liquide odorant et suffocant glissant tel un serpent sur sa peau pâle, le parfum envoûtant de la mort qui s’en vient chercher sa pitance. Ses griffes aiguisées douées de volonté propre jouaient comme elles l’entendaient. Il n’en avait rien à faire de ce que devenait ceux qui l’avait élevé. Puis tout redevient silencieux au bout d’un long moment. Les yeux dans le vague, il n’avait pas fait attention aux monticules de cadavres qui parsemaient la pièce, aucun membre de sa « famille » n’avait échappé à sa folie. Hypnotisé par le sang tâchant ses mains, l’enfant en porta une à ses lèvres, sa langue quitta sa bouche et se posa sur la peau tâchée. Froide. Alors que le sang était encore chaud, sa peau était presque gelée. Un arrière-gout de fer, acide. L’amertume ne gêna pas l’enfant. C’était étrangement bien meilleur que ce qu’ils appelaient « nourriture » qu’il lui donnait lors des repas. La texture fine et délicate du liquide carmin tout comme son parfum ensorcelant l’attirait violemment. Cette violente courrait dans ses veines, tels des langues de serpents enflammées. Il fut interrompu dans son « repas » par les domestiques de la famille.

Voilà comment il s’était retrouvé dans les bras de cette servante dont il ne se rappelait ni le nom ni le visage… Seul son parfum de fleur l’interpellait. Elle l’étreignait puissamment alors que ses bras frêles tremblaient sans qu’elle ne parvienne à l’empêcher et sa voix froide semblait cracher un venin immonde sur les autres domestiques qui cherchaient à l’arracher à son étreinte qui le réchauffait lentement. L’enfant leva son visage vers celui de la jeune fille qui le tenait contre elle. Ses traits étaient si flous qu’il ne parvient pas à les reconnaitre mais il distingua une longue chevelure aussi blonde que la sienne était blanche bien que salie par le sang. Le sang coula de sa tempe, suivant la courbe de son œil pour finir par rouler comme une larme le long de sa joue.


Yué se réveilla lentement. Emergeant difficilement de son long sommeil profond. Depuis qu’il était revenu dans la maison des siens après ses dix années d’absence voire même d’avantage, il avait en quelque sorte perdu la notion du temps, ce souvenir avait refait surface. Il se leva de son lit et quitta la chambre qui fut la sienne durant ses jeunes années avant qu’il ne soit confié à un orphelinat. Il n’avait pas prit la peine de se dévêtir avant de se coucher et il se contenta de passer sa main dans sa chevelure drue, histoire de ne pas avoir une crinière de lion. Chose en somme, qui lui était tout à fait désagréable. Alors qu’il se dirigeait vers la cuisine afin de se faire quelque chose à grignoter, il laissa ses prunelles de givre vagabonder autour de lui. Rien n’avait changer durant tout ce temps… A la seule différence près que seule une femme était restée et s’occupait de la demeure depuis quelques années. Pourtant, il ne l’avait croisé que quelques secondes lorsqu’il avait franchi la porte principale de la demeure.

N’ayant pas faim, il finit par quitter le domaine qui l’avait vu venir au monde comme il était venu. Il était tel une ombre furtive, s’enfuyant aux premiers rayons du soleil. La vieille femme veillant sur le domaine se tenait sous la porte rouge. La chevelure blanche disparaissait dans les premiers rayons de l’aube. Le petit garçon avait bien changé. Un véritable jeune homme d’une beauté terrifiante. En dix ans, ses gênes de Banshee étaient ressorties. Ses cheveux immaculés et ses yeux froids en étaient la preuve incontestable. Il était loin le petit garçon solitaire dont elle n’avait que rarement entendu la voix cristalline et si douce que l’on aurait cru qu’elle appartenait à une fille. Le vent fit tournoyer les fleurs de cerisiers tombées de leurs arbres, répandant leur doux parfum qui embauma l’air toxique.

- Cherche enfant, le foyer où tu seras à ta place. Par monts et par vaux, recherche l’endroit où ton cœur perdu se trouve… Vagabond…
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Le Vagabond
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